Philippines : ABS-CBN ordonnée de cesser d'émettre
Le 5 mai 2020, la chaîne ABS-CBN a dû cesser d'émettre. Une interruption qui inquiète les militants de la liberté de presse.
Plutôt dans la journée du 5 mai, la Commission nationale des télécommunications, un organe gouvernemental, a ordonnée à la chaîne de télévision philippine de cesser de diffuser son programme auprès de ses millions de téléspectateurs. C'est la deuxième fois de son histoire, que ABS-CBN subi une interruption soudaine. En 1972, la chaîne de télévision avait dû s'interrompre lors de la mise en place de la loi martiale par Ferdinand Marcos, marquant ainsi le début de sa dictature jusqu'en 1986.
À la différence de 1972, cette mise en demeure qui intervient en pleine crise sanitaire liée auCovid19, serait due à l'expiration de la licence d'une durée de 25 ans octroyée à la chaîne par le Congrès Philippin. Cette fameuse licence devait faire l'objet d'un renouvellement qui selon l'ONG Human Rights Watch avait déjà été travaillé depuis 2014 , mais son examen a été ralenti depuis l’élection de Rodrigo Duterte et est désormais en suspend devant un Congrès dominé par les alliés du Président Rodrigo Duterte.
Si cette interruption inquiète, c'est autant par sa survenance brutale, qu'en raison de la défiance connue du Président Duterte à l'égard de la chaîne de télévision. Cette dernière est dans le viseur du Président en raison des analyses critiques à l'égard de la guerre contre la drogue qu'a entamer monsieur Duterte depuis son élection et qui a causée la mort de plusieurs milliers de personnes.
Le groupe télé a formé une demande en annulation directement auprès de la Cour Suprême afin de faire annuler la décision de la Commission nationale des télécommunication en estimant qu'il s'agit d'un problème d'application de droit et non de faits, ce qui lui permet d'éviter de devoir passer par une procédure plus longue devant la Cour d'Appel.En soi, le groupe télévisé estime cette décision injuste, en ce que d'autre chaîne dont la licence était venu à terme avaient tout de même pu continuer à diffuser.ABS-CBN Corp qui emploie près de 11 000 personnes, estime également qu'il y a urgence à ce qu'une juridiction statue sur sa situation en raison des pertes irrémédiable qu'elle subie chaque jour depuis son interruption.Elle estime subir ₱30 million à ₱35 million de pertes par jour, soit environ 548 054 et 639 372 euros et un risque de licenciement massif alors que le pays s'est imposé un confinement.
Malgré cette interruption d'antenne, la chaîne continue de diffuser son programme par le biais d'autres plateformes, que ce soit en ligne ou les chaînes câblées.
Au-delà des difficultés auxquelles est confronté ABS-CBN, cela soulève un problème institutionnel, celui de l'attribution de licence de diffusion par des organes politiques. Le Comité des Droits de l'Homme des Nations Unies invite les gouvernements à éviter de tels procédés, car ils peuvent être utilisés comme moyen de pression sur la presse.
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