Soudan : L’excision criminalisée
Un an après la chute d'Omar Hassan Ahmed el-Bechir, les autorités de transition continuent leur travail législatif en faveur du droit des femmes
Le 22 avril 2020, les autorités de transition ont adopté un amendement modifiant l'article 141 du Code pénal afin d'incriminer l’excision. Cette pratique consistant en l'ablation partielle ou totale des organes sexuels externes de la femme sera désormais puni de trois ans d'emprisonnement et d'une amende, qu'elle soit faite par des particuliers ou des professionnels de santé.
Alors que l’UNICEF rapporte que neuf femmes sur dix âgées de 14 à 49 ans ont subi une excision, également appelée mutilations génitales féminines (MGF), cette évolution législative devra chercher à se concrétiser dans un pays où la pratique des mutilations génitales féminines est profondément ancrée dans les traditions culturelles.
Le gouvernement d'Omar El-Bechir avait auparavant tenté de limiter l’excision par un premier décret de 2003 visant à interdire au personnel de santé de recourir à de telles pratique. Puis en 2012, un projet de loi devait généraliser cette interdiction, mais le texte fut confronté à des oppositions par les conservateurs.
Cet amendement s'inscrit dans une politique de défense des droits des femmes que le Premier ministre Abdallah Hamdok s'est promis de défendre. Fin 2019, une loi restreignant la liberté des femmes a été abrogée. Elle limitait à 10 sièges le nombre de places pour les femmes dans les transports publics, interdisait aux filles et garçons de danser dans la même pièce ou encore obligeait le port du hidjab dans les établissements scolaires. Ce texte avait conduit de nombreuses femmes à être condamnées par des amendes ou des flagellations.
Si des avancées semblent se révéler, il reste au Premier ministre un travail de longue haleine pour concrétiser sa promesse de défense des droits des femmes. Encore faudra-t-il se pencher sur la question du mariage forcé et surtout, trouver les moyens de donner une effectivité à la loi.
Comments