La crise migratoire dans le pays des droits de l’Homme
La France, patrie de droits de l’homme, notamment depuis la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen (1789) qui proclame les droits fondamentaux et garantit notamment le droit à l’égalité en son article 6. Mais il se trouve que l’accueil des migrants sur le sol français place la France au coeur d’un débat source de tensions.
L’évacuation ayant eu lieu le 29 juillet 2020 à Porte d’Aubervilliers sous l’ordre du préfet de police Didier Lallement, a été réalisée certes sans incident ; elle a néanmoins était effectuée sans prévenir les migrants, comme cela a été le cas le 17 novembre 2020. Le 17 novembre 2020, il est 7 heures du matin lorsqu’un important dispositif est mis en place pour évacuer rapidement plus de 3000 réfugiés. Ces derniers seront forcés à quitter l’espace qu’ils occupaient mais la tension apparaît plus tard, à République lorsque des policiers usent de la force physique pour évacuer à nouveaux les migrants désorientés. Une évacuation entraînant une autre, la question est de savoir si cette situation durera ad vitam æternam. Effectivement, des personnes humaines dotées au même titre qu’autrui d’une dignité, se voient poussées dans leur retranchement, à la résignation, au traitement déplorable et surtout à une situation itérative où l’absence de prise en charge pose problème dans une société qui se doit de lutter contre l’errance des migrants, lutter contre l’injustice.
Pourtant, la loi d’orientation et de programmation pour l’accueil des migrants humanitaires et pour une politique nationale d’intégration, qui avait été proposé par la maire de Paris Anne Hidalgo, prévoit « que l’article premier consacre la responsabilité des pouvoirs publics à assurer la dignité des migrants humanitaires arrivant sur le territoire national ». Ainsi légitimement se pose la question de savoir : à qui la faute ? Un manque de rigueur des entités gouvernantes ? La rédaction de conventions non contraignantes ? Les Médias ? Jacco van Sterkenburg, un universitaire néerlandais, précise que les médias transmettent souvent une image assez réductrice des réfugiés qu’on considère pour la plupart comme des « menaces » comme le démontrent les images de l’accueil des migrants en Grèce ou encore en Turquie. Bien que la question de l’immigration soit sensible, l’idée n’est pas de trouver une solution pour une situation se déroulant à un instant précis mais de trouver une solution pérenne et d’établir une action durable qui pourra a posteriori contrer les obstacles. Effectivement, la crise migratoire que connaît la France peut a fortiori avoir un impact majeur en Europe. Cela, Emmanuel Macron l’avait déjà compris, en 2018 lors de la réunion des chefs d’État européens sur la crise migratoire à Bruxelles ; pourtant en 2020 les résultats ne sont pas visibles et l’impératif humanitaire n’a jamais été aussi fort. Dans un conflit actuel aussi complexe et sensible, il est nécessaire pour les États membres à l’Union Européenne de trouver un consensus.
La ligne rouge semble également atteinte à l’échelle régionale à la vue des accusations ciblant Frontex, l’agence européenne de garde frontières et de gardes côtes qui se charge du contrôle et de la gestion des frontières extérieures de l’espace, créée en 2004, suite aux tirs de balles de caoutchouc par les garde-côtes armés sur des canots pneumatiques de migrants. Ces incidents de refoulement sont devenus réguliers et illustrent une carence que pointent de nombreux députés européens ne cachant pas leur méfiance et demandant une enquête parlementaire. A cela s’ajoute la défiance à l’encontre de Fabrice Leggeri, directeur de l’agence Frontex de l’Union européenne, qui pour de nombreuses ONG, ne semble pas mener à bien les opérations liées à la mi-grations dans le respect des Droits de l’Homme et du Droit international. Aujourd’hui, les enjeux de la migration sont multiples et complexes notamment dans la contribution du développement d’un Etat. De surcroît, la volonté d’une protection et d’une assistance humanitaire s’intensifie ; et cette exigence au delà de l’apanage qu’en fait le monde diplomatique, semble s’étaler également auprès des citoyens, des artistes engagés tel que Banksy qui avait affrété secrètement en Méditerranée un navire humanitaire pour un sauvetage massif de migrants le 28 août 2020 afin de contrer l’apathie et l’inertie de nombreux Etats.
En outre, au delà de la sémantique « crise migratoire », n’est-ce pas d’une « crise politique » dont il est question? Plus spécifiquement, en ce qui concerne les Etats membres à l’Union Européenne, ces derniers se voient engagés dans le respect des chartes, traités, directives européennes …
La Charte des droits fondamentaux de l’Union Européenne se fonde sur les valeurs universelles de « dignité humaine, de liberté, d’égalité et de solidarité » en déclarant que la dignité humaine est « inviolable » et que toute personne a donc le droit à la « liberté et à la sûreté ». Ainsi, dans une politique à géométrie variable, les Etats parties doivent, de bonne foi et dans le respect des textes européens, se soumettre à ces valeurs, en harmonisant la politique étatique interne. Ainsi, lors des réunions entre chefs d’Etat, il n’est pas question de constater les pertes dues à un manque de prise en compte de la gestion des migrants mais de trouver une solution pérenne et des lois inébranlables permettant aux migrants de retrouver le goût de l’espoir, un goût qui ne doit pas être altéré, qui ne doit pas devenir amer ; leur permettre de retrouver le goût de l’optimisme qu’ils avaient perdu dans leur Etat d’origine mais surtout de retrouver un respect de leur personne et de leurs droits.
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